Mais les rêves sont souvent si personnels ....et donc difficile parfois de s'y plonger surtout que l'on fait face à de nombreux questionnements du personnage: de son rêve de vie... Elle ne parvient pas à être libre dans sa vie de chaque jour, car elle est trop attachée à la vie qu'elle aurait pû espérer.....et justement elle rêve....
Il y a donc de nombreuses phrases du livre sous forme interrogative et cela m'a parfois gêné ... ! On est séduit , cependant, par d'autres beaux moments.
Ce que je regrette aussi c'est que ce livre soit nommé "roman" alors que pour moi c'est une nouvelle tout simplement ...une nouvelle à 15,50€ (!!) la culture n'est pas à portée de tous (sauf si comme moi on a une bonne biblio près de chez soi !!)
Il y a toutefois quelques passages très bien écrits que je vais noter ci dessous , qui m'ont souvent touchée aussi bien par le fond que par son style très délicat .
C'est pourquoi je conseille cette "nouvelle" qui se lit vite mais qui laisse tout de même une trace dans les esprits.Le fait que l'on s'applique à conserver des paragraphes de ce livre , est pour moi, une belle preuve de sa valeur.
"Mon père ferme les yeux.Je pense: mon dieu , s'il meurt maintenant je ne saurai rien, il emportera son secret avec lui, je ne saurai rien.(...)jecherchais des choses à dire , des choses qui auraient enfin permis au visage de mon père de s'éclairer, et de me regarder, moi , Alice,la petite, de me regarder et de m'écouter, oh, comme j'aurais aimé lire dans son regard que je lui apportaisdu bonheur.Mais jamais je ne trouvais les bonnes paroles , et jamais le regard de mon père ne s'éclaircit" (...) Lisez la suite p24/25 c'est très très beau .....
"Certaines musiques, certains textes me faisaient pleurer.Je me disais qu'ils avaient réussi à saisir un je -ne-sais -quoi de fragile et de fulgurant qui avait quelque chose à voir avec la beauté de la vie.Je ne faisais rien pour retenir mes larmes."(...) Une fois par semaine j'appelais mon père (...) je cherchais , plusieurs heures avant , presque paniquéee, ce que j'allais lui dire.Je notais des idées , des faits , des sujets . Il fallait trouver quelque chose : au téléphone, les silences ont quelque chose de gênant. Les nôtres étaient insoutenables.(...)
"Depuis j'écris. J'ai remplacé la possibilité de l'amour par la possibilité de l'écriture.J'ai peur , aussi,mais c'est une autre peur: je sais que l'écriture ne m'abandonnera pas . J'ai même l'espoir fou qu'elle me comble .Qu'elle comble les vides.Qu'elle comble l'enfance.Je ne veux pas croire un instant que je me trompe.D'une certaine manièren je sais que je mets ma vie en jeu ."
"Ma mère avait choisi de peindre, j'ai choisi d'écrire. Elle avait choisi le mouvement , la matière, la couleur, j'ai choisi les mots, le son, le noir et blanc.Je ne sais pas dessiner.(...)Ma mère écrivait-elle?(...)Ou bien était-elle incapable d'écrire la moindre phrase ? Sommes-nous à ce point proches que nous ne pouvons empiéter sur le territoire de l'autre ?
" Je ne pourrais pas dire ce qu'est un père .Je ne pourrais le définir.La seule chose que je pourrais dire, c'est : mon père a été l'homme dans l'ombre duquel j'ai grandi,(...).Mon père a été l'homme qui , parce que nous n'avons jamais rien su nous dire, m'a tant donné envie d'écrire."
"Est-ce que ça ressemble à un père , çà? Non, je ne le crois pas .Je ne crois pas que les autres pères puissent se définir ainsi.On ne connaît rien d'universel : on ne connait que ce qui nous a traversé."
"Il n'y a pas de vérité , ni des êtres, ni du temps.Il n'y a que le présent, son éblouissement"
"Je me souviens d'un soir d'hiver (...)C'était la première fois que je surprenais mon père envahi par l'émotion. J'avais eu la sensation poignante que mon vrai père se tenait enfin devant moi, celui que j'aimais par-delà les mots, par delà les silences,celui que j'avais peut-être connu il y a très longtemps(...).
bonne lecture