C’est un conte cruel, rituel et initiatique que Hannah Tinti nous propose ici .Auteur reconnu pour ses nouvelles, celle ci se lance ici dans le roman.
Elle prend par la main son personnage principal , Ren, sorte de Gavroche d’une Amérique du XIXème siècle (on peut aussi songé à Rémi , enfant trouvé de Sans Famille d’Hector Malot) , amputé d’une main , orphelin ; qu’elle emmène par monts et par vaux vers son destin.
Parfois on se dit à ce propos que l’auteur n’a pas réellement choisi le destin qu’elle va accorder à son personnage , surtout dans le dernier quart du livre, où les événements s’enchainent sans grande cohérence..au fil de la pensée de Ren ? L’auteur se fait plaisir , ce qui crée quelques longueurs.
Beaucoup de questionnements sur la liberté, sur la vérité (« qui ne rend pas plus heureux, elle n’apaise pas forcément ») dans son livre. On y trouve également beaucoup de noirceur, et parfois un fort gout de fatalisme « lorsque le cœur est plus fort, il n’est pas pour autant triomphant » . Tout ces élèments caractérisent le roman et lui donne un caractère fort et personnel.
Les personnages « secondaires » sont extrêmements bien croqués comme sur la toile d’un portraitiste….les visages sont bien présents , on sent leur force, leur souffle de vie .
Le final est détonant , le roman est réellement à découvrir.
L’auteur a tout de même beaucoup emprunté à Dickens, à Malot, mais aussi est allée puisée dans Les six compagnons qui viennent à bout de tout des Frères Grimms , que j’avais lu il y a près de 25 ans ; elle aurait peut-être du le préciser par honnêteté pour ces auteurs si brillants.
Passage du livre qui est une assez bonne illustration du personnage principal :
"Il y avait un ruisseau dans la foret , derrière l’orphelinat . Ren aimait y plonger la main et sentir l’eau couler entre ses doigts . Il regardait les feuilles et les brindilles filer vers l’avail et sentait la pression du courant contre son poignet. C’était la même force d’attraction qui se manifestait parfois quand il priait –le sentiment d’être emporté vers un lieu plus profond . Mais il n’avait jamais le courage de la suivre. Dès qu’il était tenté de se laisser aller, il retirait la main de l’eau ."
L'illustration de la couverture ne correspond pas du tout à l'histoire
..choix étonnant !